Une critique, une réaction, un conseil... Je suis preneur ! duronquarre@wanadoo.fr ou albertduronquarre@gmail.com____

Page mise en ligne en juin 2006, dernière actualisation en août 2009.

Groupes d'autonomie

(4 documents à télécharger, 2 liens internes, 1 lien externe)

 

Tout ce qui suit n'a pas forcément lieu d'être dans une classe. Il existe sûrement -et heureusement- encore beaucoup d'écoles où la conduite de classe n'impose pas une explicitation aussi importante des règles de vie.

 

Personnellement, je distingue ce qui relève de la vie de la classe et ce qui relève de la "réussite scolaire" personnelle de chaque élève : trop souvent les deux sont mélangés dans les classes. Or est-il judicieux de mettre les deux sur le même plan ?

Un élève qui ne va pas respecter les règles collectives va pénaliser toute la classe et un élève qui ne va pas faire son métier d'élève (et ne pas s'engager dans un travail demandé, par exemple) va se pénaliser tout seul.

Tout ce qui suit ne concerne donc pas le "métier d'élève" (voir élèves en difficulté).

 

 

J'ai été obligé en 2005-2006 de mettre en place un système de pénalités dans ma classe. Je n'ai pas de solution idéale à proposer, les éléments présentés ici pourront cependant -je l'espère- aider des collègues (en particulier les débutants).

Si les règles de vie ne sont pas suffisamment respectées, les élèves ne peuvent apprendre correctement... Mais comment les faire respecter sans non plus en inhiber certains et tomber dans la sanction systématique et non porteuse de sens ?

Je tiens à préciser que les règles de vie ne sont pas, pour moi, négociables par les élèves (j'ai beaucoup évolué là dessus, et je deviens de plus en plus ferme)... Ainsi, il ne sert à rien de passer des heures à essayer de les faire émerger.

Par contre, il est très utile de faire débattre les élèves sur leur rôle et leur utilité...

Une fois ces règles établies par l'enseignant, le deuxième stade consiste à établir un ordre d'importance (discutable avec les élèves lui !). Il y en a trois dans ma classe. Ensuite on peut quantifier l'importance de la pénalité qui découle du non respect de la règle (5 ; 3 et 1 points dans ma classe).

Pénalités à découper et à classer par les élèves : (pdf :46 ko)

 

Enfin, on contractualise le tout avec les élèves et les parents (il me semble important de les associer aussi).

 

 

Concernant la partie "sanction" : l'idée est une perte de liberté. Moins les élèves respectent les règles de vie, moins l'enseignant peut leur faire confiance et moins ils ont donc de libertés dans l'école.

Il convient de définir quelles libertés peuvent être perdues (étant entendu qu'il est plus facile de mettre en place ce système dans une école où les élèves ont déjà pas mal de libertés !).

Ce que je propose est bien évidemment -encore plus que le reste- sujet à réactions et désaccords de la part des internautes...

Contrat autonomie : (pdf :18 ko)

Chaque fois qu'une règle n'est pas respectée, une pénalité est donnée pour les règles des plus importantes, . Elle est cochée dans un tableau hebdomadaire que j'ai sous la main en classe.

Les pénalités les moins importantes sont notées après plusieurs avertissements oraux de ma part.

Tableau des pénalités : tableau à double entrée à compléter avec le nom des élèves et les cases correspondantes (pdf : 71 ko)

 

Inutile de préciser que l'effet dissuasif est le plus important. Chaque élève possède individuellement le même type de tableau (sauf qu'en plus des pénalités la 2e variable correspond aux semaines de l'année : voir organisation de l'année) qu'il complète au fur et à mesure, et fait signer à ses parents, à la fin de chaque période.

 

En fin de semaine, les pénalités sont comptabilisées et, en fonction de leur nombre, les élèves intègrent un groupe d'autonomie pour la semaine suivante. Les "compteurs" sont remis à zéro chaque début de semaine.

Tableau affiché en classe (pdf : 58 ko)

En plus de faire respecter les règles de vie, ce système contribue au développement de l'autonomie des élèves.

 

 

Lien :

 

Remarque d'une collègue :

Je tombe par hasard sur votre site et j'en ai le moral tout vivifié ! Enfin quelqu'un qui ne perd pas du temps à discuter des "règles de vie", expression très étrange pour moi, juriste de formation et venue à l'enseignement sur le deuxième versant de ma vie...

Je préfère largement le concept et le terme de loi : la même pour tous, dans et hors de l'école (je ne fais pas de mal aux autres en actes ou en mots, si je cause un dommage je répare, on ne se fait pas justice à soi-même, la loi est dure mais c'est la loi, quand la loi existe, je la respecte sans la discuter, etc.), avec ce petit truc en plus pour les citoyens en formation que sont les enfants : on obéit aux adultes (sauf s'ils demandent d'enlever notre culotte) parce qu'ils représentent la loi dans la classe. Encore faut-il bien sûr qu'ils respectent eux-mêmes ladite loi...

Pour moi, les règles de vie sont un concept pervers, qui laisse à penser aux enfants qu'on peut les négocier, l'apothéose étant dans les classes ou après discussion on signe non pas pour dire qu'on connaît tous la loi (ce qui est très efficace) mais qu'on est d'accord pour l'appliquer...

En application de cette loi, deux grands principes : quand on interdit quelque chose c'est que ça dérange les autres ou que c'est dangereux pour toi ou pour les autres. Dans ma propre classe (de cycle 2 avec des GS) j'ai une échelle de confiance, sur laquelle tout le monde est à 10 au début de l'année, et que l'on remet à 10 à chaque début de période (même si parfois ça me démange d'en laisser à 0...) Le principe : on perd des points par son comportement, on en gagne par son travail, vu que quand on est occupé à travailler on n'enquiquine personne. Plus on est haut, plus la maîtresse à confiance et plus on a des droits (pareil que vous, ces droits ont été négociés, au contraire des règles : rester en classe pendant la récré, aller aux toilettes sans demander, jouer après avoir fini, etc.) et bien sûr plus on est vers zéro et moins on est libre. Les points sont matériels (des tampons et des autocollants rigolos dans les cahiers) ou immatériels : ce que tu viens de faire c'est très bien, va te remonter d'un point.

J'ai été quelques années remplaçante et je me suis aperçue de plusieurs choses : d'abord l'humiliation, la violence en acte ou en parole restent encore très présentes dans l'école française (craies jetées sur l'élève, tête abaissée brutalement sur la table, cheveux tirés, bras pincés, quant au discours...) et souvent chez des enseignants très (trop ?) impliqués dans l'école. Ensuite un élève occupé activement est en général un élève cool. Dans les classes en déshérence, non seulement les élèves sont privés d'une chose essentielle à laquelle ils ont droit, le savoir, mais en plus ils sont maltraités vu que leur comportement bien sûr n'est pas optimal. Et alors le pompon, cette justification qui consiste à dire d'un gamin : c'est lui qui m'a énervé.

Bref le discours justificatif de tous les maltraitants, qui oublient que nous sommes les adultes professionnels, sensés servir de modèle à des enfants eux-mêmes confrontés en permanence à des adultes qui ne se contrôlent pas.

Pourquoi je vous raconte tout ça ?

Parce que j'effectue aussi un service supplémentaire dans une maison d'arrêt, où je croise la route de la misère, de la violence et surtout de l'illettrisme vécus par des hommes qui ont presque tous décrochés au collège, voire même en CE1 (et pas que des gens du voyage...) et que j'estime que tant que les enseignants n'auront pas remis leurs pratiques en question, on aura des parents (ex victimes ?) méfiants, des élèves pénibles et un sentiment de frustration permanent.

Mais bien sûr je n'ai pas parlé de tous ceux qui ont déjà fait ce chemin, comme ma collègue d'école avec laquelle j'ai choisi de rester cette année parce que c'est agréable de travailler avec quelqu'un dont on partage les convictions, ou vous... Bonne route

Nicole Rousseau

 

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