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Page mise en ligne en mai 2006, dernière actualisation en décembre 2015.
Conseil d'élèves et messages clairs
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Pourquoi ?
Conseils d'élèves Messages clairs" A l’échelle d’une même classe, le conseil d’élèves est un outil qui permet d’installer entre les élèves un espace de débat, d’expression libre, de suggestion, de décision sur des projets et événements en relation avec la vie de leur classe ou avec l’actualité [...]. Espace de dialogue sur les problèmes rencontrés en classe, d’élaboration de règles de vie scolaire et de rappel à la loi par les élèves eux-mêmes, le conseil d’élève constitue un puissant outil de régulation de la vie de la classe et permet de faire vivre une expérience démocratique, tout en contribuant à l’amélioration du climat scolaire. Il peut aussi être l’occasion de débats par lesquels les élèves peuvent partager librement leurs émotions et leurs impressions sur des œuvres littéraires et artistiques, des recherches documentaires, des faits d’actualité ou encore sur une expérience vécue."
http://eduscol.education.fr/cid92404/methodes-et-demarches.html#lien4 (lien externe)
http://cache.media.eduscol.education.fr/file/EMC/00/9/ress_emc_conseil_eleves_464009.pdf (lien externe)
"La technique des messages clairs s’appuie sur des principes en cohérence avec les finalités de l’enseignement moral et civique : le recours aux expériences de vie pour éduquer les élèves à l’expression des émotions, des sentiments et des valeurs dans le cadre d’un enseignement laïque de la morale ; le développement de compétences spécifiques, notamment langagières, et transversales visant le traitement autonome de différends ou de petits conflits. En ce sens, les messages clairs constituent un premier levier de médiation entre pairs visant à assurer un climat scolaire apaisé, propice au vivre-ensemble et aux apprentissages."
Les messages clairs, une technique de prévention et de résolution des petits conflits à l’école (Eduscol) (lien externe)
Exemples de conseils d'élèves à l'école Léon Jouhaux de Villeurbanne :
https://www.youtube.com/watch?v=aFOosW-zvkU (lien externe)
Exemples de messages clairs -joués par les élèves- à l'école de soleymieux, dans la classe de Jean-Luc Vérilhac :
https://www.icem-pedagogie-freinet.org/node/49644 (lien externe)
Des associations comme l'O.C.C.E. (lien externe) ou l'I.C.E.M. (lien externe), ont développé cette pratique depuis des années, elles ont même directement influencé les programmes scolaires.
Mais, nul besoin d'être un militant dans l'une de ces associations (je n'en suis pas un !) pour mettre en place des débats.
Les dispositifs proposés peuvent s'appliquer dans n'importe quelle classe. A condition, pour l'enseignant, d'accepter de perdre une certaine raideur et un semblant de toute puissance.
Le conseil est un lieu de construction de la loi et de régulation, un lieu où l'on revient, "à froid" sur des problèmes, mais il doit aussi être le moment où l'on propose, où l'élève devient réellement acteur de la vie de la classe et de l'école.
L'enseignant a, selon moi, un droit de veto : concernant notamment les sanctions pour que le conseil ne dérape pas et le contenu de l'enseignement (de ce point de vue, je me démarque des pratiques des associations citées plus haut). Il s'agit de ne pas leurrer les élèves sur ce point.
L'enseignant est le garant de l'application des programmes et d'une certaine éthique de vie (sécurité physique et psychologique des élèves), non négociable, connue et comprise par tous les élèves.
Il y a plusieurs années dans ma classe, le conseil s'est mis en place sur trois ans. Au départ, une simple boîte à messages permettait aux enfants d'exposer des problèmes et de proposer des idées. Voir 100 % bla-bla.
J'ouvrais et je lisais les messages le vendredi en fin de journée. Suite à la proposition d'un groupe d'élèves, ceux-ci se sont mis à lire les messages tour à tour. Mais je gardais la "maîtrise" des débats en distribuant la parole et en prenant éventuellement des décisions.
Parallèlement à cela, les élèves élisaient en début d'année un représentant par cours au conseil d'école. Une réunion préparatoire avait lieu, animée par les délégués qui questionnaient les élèves sur leurs doléances et leurs souhaits. Lors des conseils d'école, une plage était réservée aux élèves dans l'ordre du jour. Les délégués faisaient toujours un bilan de la réunion en classe.
Enfin des collègues membres de l'I.C.E.M. et de l'O.C.C.E. m'ont convaincu qu'un conseil pouvait être entièrement animé par les élèves au profit d'une plus grande responsabilisation et prise d'initiatives des élèves.
On peut penser que les enfants rodés à cette activité seront plus tard des adultes responsables, respectueux et surtout constructifs. Au delà du monde professionnel -où la liberté d'expression n'est malheureusement pas toujours présente- on peut penser que le monde associatif sera pour eux l'occasion de s'épanouir.
Comment ?
Tout ce qui suit est une illustration concrète de ce que peut être l'organisation de ce type de réunion.
a) Alimenter le conseil : On installe une boîte à message dans la classe. On oblige l'élève à organiser sa pensée, à ne pas agir dans l'instant.
Il y a deux catégories de mots : les verts (je propose) et les rouges (j'ai un problème, je pousse un coup de gueule).
Dans ma classe, depuis quelques temps, la deuxième catégorie de message se réduit à une portion congrue grâce à la mise en place de "messages clairs" (inspiré d'un outil de l'I.C.E.M.). En cas de problème entre deux élèves, si l'explication immédiate est difficile, on fait un message clair. On essaie de régler le conflit de manière à trouver une solution sans perdant ni gagnant (pour faire un message clair : on écrit son nom sur un tableau, celui à qui s'adresse le message et le moment choisi pour se retrouver et essayer de résoudre le problème à l'écart lors de la récréation). Si celui à qui on fait le message clair n'écoute pas, rigole ou met de la mauvaise volonté, on doit mettre un mot dans la boîte à message, pour aborder le conflit en conseil de classe.
(pdf 83 ko)
b) Les principes du conseil :
Régularité et prévisibilité (une fois toutes les semaines, le vendredi en début d'après-midi, il est inscrit sur l'emploi du temps).
L'organisation spatiale : tous les élèves se voient (cercle).
Règles strictes de prise de parole (même pour l'enseignant).
Garder une trace écrite de la réunion (cahier).
Deux types de vote : lorsqu'il n'y a qu'une proposition, les élèves votent "pour" ou "contre" ; lorsqu'il y a plusieurs propositions le vote se fait à la majorité absolue (en 1 ou 2 tours).
Préparer la réunion en élaborant un ordre du jour précis (en fonction des mots) en établissant des priorités (si tout ne peut pas être traité). C'est le bureau qui s'en charge.
Définir des rôles : le bureau justement (un tableau récapitulatif permet à chaque enfant, de tenir les différents rôles dans l'année)
Le président : il ouvre la réunion, lit le message, donne la parole, synthétise, incite les autres à proposer quelque chose, récapitule les propositions, fait voter, vérifie que quelqu'un est chargé de la tâche à réaliser lors d'une décision, il demande au gardien du temps qui n'a pas pris la parole à la fin, il ferme la réunion. Sa parole n'a pas plus d'importance que celle des autres. En cas de conflit, il doit permettre aux deux parties de s'exprimer. Il doit s'assurer que le problème est réglé (acceptation d'une solution intermédiaire par les deux parties ou repentance).
Le secrétaire : il note les décisions prises, le résultat des votes, il relit le cahier avant et après la réunion. La date de la réunion, le nom des responsables doivent aussi figurer sur le P.V.
Le gardien du temps et de la parole : il s'assure à l'aide d'un chrono que le temps est respecté (5 minutes par message, éventuellement 10, si la proposition est importante). Il doit signaler au président (sans lever la main) le temps qu'il reste ("dernière minute !"). Il coche, sur un liste, chaque fois qu'un élève prend la parole, de manière à éviter l'effacement de certains ou le monopole de la parole d'autres (maximum 5 prises de parole par élève). A la fin de la réunion, il indique qui n'a pas pris la parole. Ces deux rôles peuvent être scindés.
L'ardoisier : il note les diverses propositions sur une ardoise pour aider le président à les récapituler (ce rôle a été créé dans ma classe sur la proposition d'un élève !).
Tableau qui permet de prévoir la répartition des rôles sur l'année (pdf 13 ko)
Il suffit de faire défiler 4 punaises
Il faut savoir ce qui est discutable ou pas, on ne peut parler d'un absent, l'enseignant à un droit de veto.
L'enseignant ne doit pas manipuler ses élèves (revendications auprès de la mairie pour un équipement quelconque, par exemple).
Les élèves n'ont pas le droit de sanctionner un autre élève.
Le mot rouge n'est pas utilisé pour moucharder, mais lorsqu'il y a un réel problème qui perturbe quelqu'un…
L'éthique, les règles de vie auxquelles on se réfère : elles sont écrites, éventuellement discutées lors des premiers conseils.
c) Le rôle de l'enseignant :
Il est de veiller au bon déroulement de la réunion : respect des rôles et des consignes. L'objectif est qu'il intervienne le moins possible lorsque l'activité est rodée.
Il s'assure que tout le monde s'exprime, il fait éventuellement un bilan de la réunion.
Il veille à son fonctionnement démocratique et évite les débordements (décisions hors du champ d'intervention des élèves...).
Il est positionné dans le cercle et respecte la même règle que les élèves pour prendre la parole. Il a un droit de veto. Il doit continuellement veiller au respect de l'éthique.
Il doit interdire "le conseil tribunal" : un élève n'a pas le droit d'en sanctionner un autre. Un élève mis en cause a toujours le droit de se défendre.
L'enseignant doit ainsi trouver le juste milieu entre "l'omerta" et "la balance" : on a le devoir de signaler les problèmes qui mettent en danger (physiquement et psychologiquement) un autre élève ; par contre on évite de signaler les incidents (travail non fait, fraude…) sans conséquences pour les autres élèves.
Sur le blog Haddock Doc en stock : voici un affichage très pertinent pour les élèves :
http://haddock.eklablog.com/signaler-rapporter-a48667584 (lien externe)
Je l'ai adapté à ma sauce : conflits entre deux élèves (pdf : 173 ko)
Pour l'enseignant, c'est aussi le lieu, pour apporter des modifications structurelles (règles, organisation…) et en discuter avec les élèves. Le conseil se termine toujours par des " coups de chapeau ", moment forcément positif (c'est important de terminer ainsi !), où les élèves en félicitent à tour de rôle un autre qui a fait des efforts particuliers pendant la semaine (Merci Marie-Julie d'avoir proposé ce rituel dans ma classe !). Cela permet aussi aux élèves qui n'ont pas forcément confiance en eux de sentir que leurs efforts sont remarqués, ce qui les encouragera à les poursuivre.
L'enseignant doit accepter de perdre une partie de son pouvoir, sans non plus donner l'illusion aux élèves qu'ils en sont détenteurs.
Pour terminer, voici une fiche (tirée de ce document : http://www.occe63.fr/uploaded/messages-clairs.pdf (lien externe) ) destinée à permettre un échange en classe sur l'attitude à avoir en cas de conflit.
En cas de conflit, que faire ?
(pdf 83 ko)
Page mise en ligne en mai 2006, dernière actualisation en décembre 2015.
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